Il existe des centaines et des centaines de galaxies dans l'espace. Elles abritent des milliers d'étoiles et de planètes. Et il y a des soleils brûlants, ardents, maîtres de tous.

Ici, il est le roi autour duquel tous gravitent. Les lunes font pâle figure, plus nombreuses mais bien moins grandes, elles demeurent dans l'ombre des planètes et du soleil. Elles obéissent à tous.

Phoebe proche de Saturne s'éveille et flotte dans l'espace comme ses semblables. Il n'y a pas de parents ni d'enfants, pas d'accouplement. Les étoiles naissent de rien et disparaissent lorsqu'elles s'affaiblissent. Le Soleil, les planètes et les lunes ne risquent rien. Enfin. Ça dépend. Des planètes qui s'approchent trop près du Soleil peuvent brûler à son contact. Le Soleil peut aussi détruire ceux et celles qu'il n'aime pas. Il gouverne par la peur. Il s'enflamme pour peu. Le pouvoir lui est monté à la tête et l'empêche de réfléchir correctement.

C'est pourquoi les ordres du Soleil sont aussi importants. Tout le monde y obéit. Ainsi personne ne périt. Saturne est une figure maternelle pour Phoebe, elles sont proches et suffisamment loin du Soleil qui ne voit que Mercure, Vénus et la Terre. Ce fût naïf de penser que rien ne changerait. Le Soleil est venu à eux, si chaud qu'il en brûle leur peau. Si avare qu'il a ordonné que tous lui appartiennent.

Et à partir de là, elle devient esclave, elle se plie en quatre pour lui donner tout ce qu'il veut. Il rit, il est heureux. Ils sourient, ils sont malheureux. Personne ne peut sattaquer au Soleil, il est trop puissant. Personne ne peut fuir le Soleil, les planètes gravitent autour de lui et ne peuvent s'échapper, les lunes aussi. Il faudrait un miracle pour qu'ils le puissent.

Le miracle se produit après un milliard d'années quand Phoebe oublie de baisser la tête, elle croise le regard du Soleil. Ce simple acte qui ne témoigne pas d'une quelconque rébellion est interprété ainsi. C'est ridicule. Il est fou. Comment une minuscule lune pourrait le défier ? C'est fou. Cet univers part à la dérive.

Il décide de son destin, passer le prochain siècle à brûler. Brûler dans les flammes du Soleil. Pour la première fois, un rire sarcastique lui échappe. Brûler c'est mourir encore et encore. Une minute est déjà un enfer alors cent ans... C'est impossible. Elle ressortira de cette épreuve dépérie. Incapable de réfléchir. Amorphe.

Phoebe médite, la tête à l'envers comme d'habitude, elle observe les étoiles qui scintillent, le soleil qui brûle ses rétines. Un point inconnu attire son regard, elle flotte jusqu'à s'en approcher et cligne plusieurs fois des paupières, désabusée.

Une porte presque invisible. L'espace se reflète dedans et elle pense que son esprit lui joue des tours. Pourtant, en tendant la main, elle touche bien les contours. Il y a bien une porte, une poignée et de nombreux mystères.

Qu'est-ce ? Pourquoi ? Comment ? Aucune réponse à ses questions.

Il n'y a aucun moyen de s'échapper mais si c'était possible... Si cette porte pouvait la mener ailleurs alors, elle n'avait pas à hésiter plus longtemps. Sa main se pose sur la poignée, pousse la porte et elle s'enfuit de cet univers pour entrer dans un autre.

C'est ainsi qu'elle est arrivée à Amaryllis il y a de cela cinquante ans. Et le temps file comme une étoile filante ici, elle a trouvé sa liberté.