M'ont-ils seulement aimer ? Au fond, qu'est-ce que cela changerait ? Tout ce que je sais de mes parents, c'est cette nature qu'ils m'ont léguée et les capacités allant avec. Je suis une Yokaï, fille de la neige et enfant du printemps en même temps. Une native abandonnée par 2 voyageurs ne trouvant plus leur bonheur en ce lieu. Qui sera éternellement ma seule maison. Alors, j'ai appris à aimer la nuit bien que je rêve toujours d'une seule et unique chose: le soleil.

La vie a l'orphelinat n'est pas toute rose et comme tout un chacun, j'ai du m'y faire une place. Peu bagarreuse, j'étais le plus souvent à l'écart, me contentant de la présence d'un brin de Nature pour trouver de quoi me sentir bien. Et puis cette gamine a décidé de venir me voir. Et de me prendre pour tête de turc. Une véritable peste rousse, une langue de vipère qui n'en ratait pas une pour m'en faire voir de toutes les couleurs. La première et la seule personne qui failli mourir de froid pour m'avoir trop cherché.

Hélianthe ne doit sa survie qu'à Chase, le lycan. Lui, je parvenais à le laisser s'approcher, surement de part son côté animal qui résonnait avec ma propre essence. Il est parvenu à me calmer et même, par la suite, à nous faire devenir amis. Avec lui mais surtout avec elle. Finalement, cette 'Fleur' comme la surnommait les adultes n'était pas si différente de moi. Et passé les premières barrières de chacune, nous sommes réellement devenues complices.

Simple camaraderie devenue véritable amitié et même une sorte de sororité, à la surprise de tous. Personne n'aurait misé sur notre alliance et pourtant, ce sont nos différences qui nous ont rendus plus fort. Impossible d'en appeler un sans que les deux autres ne suivent alors pas besoin de vous faire un dessin de ce qui arrive à celui qui ose s'en prendre à l'un de notre bande. Ils sont devenus ce qui m'est le plus cher aujourd'hui et dont j'ai toujours manqué : ma famille. Alors, plus question de se séparer.

Même lorsqu'arriva l'heure de quitter l'orphelinat à l'âge adulte, nous avons choisi de prendre ensemble une colocation. Un repère qui nous a fait du bien à tous car soyons honnête, la vie n'était pas plus simple à présent sorti de l'orphelinat. La vie à Amaryllis est difficile, la concurrence rude et les Natifs n'ont pas le moindre passe-droit. Au contraire, être né ici peut même se révéler un handicap pour certains métiers.

Joindre les deux bouts, même à 3, s'est révélé horriblement compliqué. Chase est cantonné aux mondes des combats et de l'ombre tandis que malgré mes talents en danse, je ne correspondais jamais à ce que les établissements recherchaient. Alors, je me contentais d'aider des herboristes, ma simple nature permettant à leurs plantes de mieux se porter. Jusqu'à ce qu'Hélianthe, en recherche de ses origines, ne découvre le Glaïeul et ne leur parle de moi.

Si l'idée de travailler dans une maison close m'a d'abord rebuté, elle a finalement trouvé le meilleur des arguments pour m'y attirer. Elle-même était née là-bas et elle comptait y travailler. Si je la suivais, je pourrais rester près d'elle et même intervenir en cas de souci. Alors, j'ai accepté et c'est surement la meilleure chose que j'ai jamais faite. Car je ne suis pas entrée au Glaïeul pour devenir une Fleur mais belle et bien une Danseuse. Une véritable artiste avec un public venant m'admirer et me réclamer sans jamais me toucher.

La vie a Amaryllis n'est pas devenue plus facile mais au moins, nous y avons trouvé une place. La mienne surement meilleure que celle de Chase et Hélianthe. Alors, si ma Sœur semble se satisfaire de son sort, je resterais à ses côtés, prête à intervenir si nécessaire. Quand à mon Frère, je compte tout faire pour l'aider à réaliser son rêve car je sais qu'il a le potentiel pour devenir mannequin. Après tout, on peut rencontrer de tout derrière les portes d'une maison close.

Mon propre rêve m'étant définitivement inaccessible, je préfère dépenser mon énergie pour ceux qui en valent la peine et aujourd'hui, ces personnes sont au nombre de 3 : Hélianthe, Chase et moi-même. Et qui sait, peut-être un jour aurais je la chance de voir briller un rayon de soleil...