Kassidia est née d'un amour réciproque et désiré entre deux Devas qui ont presque passé toute leur vie ensemble. Ils ont toujours fait attention aux émotions qu'ils éprouvaient et ont surtout essayé de lui fournir ce qu'il y avait de plus positif dans la vie. Après tout, elle n'avait pas envie qu'elle prenne le goût à la douleur comme bien de leur semblable. Malheureusement, la guerre étant toujours présente, ils ne purent éviter de la mêler à celle-ci.

Sa famille, et bien d'autres, faisaient partie des fidèles voulant mettre un terme à cette dernière. Les êtres peuplant ce monde avaient tout autant leur place sur cette terre tout comme eux en autant qu'ils arrivaient à trouver un terrain d'entente. Ils ont vécu longtemps dans un village de Deva qui se mêlait aux autres natifs de ce monde. Bien qu'ils n'avaient pas la même espérance de vie, l'harmonie était possible.

Kassidia en avait vu passer des vies durant ces deux cents dernières années. La guerre toujours présente affectait bien plus de monde qu'elle ne le pensait et bien qu'elle désirait ne pas s'en mêler directement, elle aidait ses parents comme elle le pouvait grâce à son don de soin. Voyageant avec ces derniers, ils soignaient les victimes de la guerre qu'importe leur race. D'ailleurs, elle se souviendra toujours du jeune garçon qu'elle avait soigné qui lui avait promis que lorsqu'il sera plus vieux, qu'il allait la demander en mariage. Elle s'est mise à rigoler en lui ébouriffant la tête sans prendre au sérieux ce qu'il lui avait dit.

Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard qu'elle le revit. Ce dernier avait grandi et était tout comme elle un jeune adulte. Si Kassidia ne s'en était pas rappelé, lui par contre oui. Ils passèrent un peu de temps ensemble et la deva tenta tout de même de lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas compatibles, qu'il n'y avait pas réellement d'avenir entre eux et que jamais ils ne pourraient avoir d'enfants. Dans tous les cas, ils étaient quand même restés de bons amis et cette dernière veillait quand même sur lui jusqu'au jour où cette dernière apparut.

Une Deva, au sombre désir, poursuivait son ami. Cette dernière, de nature cruelle, cherchait à le faire souffrir pour se nourrir de ses émotions négatives. Ne pouvant pas la laisser faire, Kassidia s'était interposée. Elle n'était pas une combattante, mais savait qu'elle pouvait certainement lui offrir ce qu'elle recherchait. « Épargne-le et prends-moi à sa place! » Cette dernière accepta, créant un pacte qui les unissait. Kassidia n'avait plus moyen de fuir, mais accepta son sort puisqu'elle le faisait pour un ami, quelqu'un qui lui était cher.

Pensant pouvoir apaiser Aradia, Kassidia avait tenté d'user de son don pour la calmer, mais très peu réceptive, celle-ci ne faisait que s'enrager lorsqu'elle le comprit et lui fit subir les pires atrocités sans lui donner la chance de se soigner. La douleur était telle qu'elle en perdait souvent connaissance. Enfin, les années puis les décennies ont passé et le temps a fini par usé les résistances de Kassidia. Si elle l'avait détesté autrefois, aujourd'hui c'était bien différent. Les deux Deva mêlait plaisir et souffrance à leur jeu de chat et la souris et chacune d'elle y trouvait son compte à un tel point, que la deva ressentait parfois des palpitations en la présence de sa maîtresse. Est-ce qu'elle l'aimait? Oui. Est-ce qu'elle était stupide de l'aimer? Certainement, mais à force de passer du temps avec cette dernière et de nourrir de ses émotions on fini par s'y habituer, puis elle n'était pas toujours mauvaise avec elle.

De nouvelles décennies ont passé les amenant pratiquement à aujourd'hui. Kassidia a souvent été la source de problèmes, convoitée par les autres ce qui ne plaisait pas à Aradia. À de nombreuses reprises ont s'en était pris à elle, mais chaque fois, la sombre deva était là pour protéger ce qui lui appartenait jusqu'au jour où elles furent attaquées par trois d'entre eux en même temps. La deva de lumière avait assisté à la scène impuissante, alors que sa compagne subissait de graves blessures. Elle réussit tout de même à les libérer, massacrant leurs ennemies, mais à quel prix? Cette dernière s'était évanouie et malgré les soins qu'elle lui avait apportés pendant des semaines, elle n'avait pas repris conscience, mais sa vie ne semblait plus en danger.

« Je suis désolée, Aradia. Tout cela c'est de ma faute, lui dit-elle en gardant l'une des mains contre son front. Tu as été blessé par ma faute et cela va se reproduire encore. Je suis la source de tes ennuies, alors s'il te plaît, libère-toi de moi. Je n'en peux plus de te voir ainsi…»

Elle devait partir à tout prix, mais leur liens ne lui permettait pas d'aller bien loin, puisqu'elle saurait la retrouver. La seule solution était qu'elle mette fin à ses jours, mais était-elle prête à aller jusque-là? Non. La demoiselle devait trouver une autre solution et si elle devait se mouvoir à tout jamais sur Aether pour qu'elles ne se croisent plus jamais elle allait le faire.

C'est en préparant son baluchon et quelques vêtements de rechange que le portail apparu à ses côtés. Elle se trouvait toujours dans la demeure qu'elle partageait avec Aradia. Sans savoir s'il s'agissait d'une nouvelle attaque, elle se risqua un premier coup d'œil avant de passer complètement à travers ce dernier et la première chose qu'elle réalisa était qu'elle ne ressentait plus la présence d'Aradia. Lorsqu'elle regarda derrière elle, le portail avait disparu…

Quelques mois s'étaient écoulé depuis son arrivée et la demoiselle s'était tout de même familiarisée avec les lieux en se faisant petite. Elle s'était trouvé un petit studio où vivre dans le quartier sud et travaillait en tant que serveuse au Dahlia. Elle pouvait s'y nourrir subtilement et sans faire de mal à qui que ce soit. De plus, elle avait pris l'habitude d'offrir ses soins à ceux qui en avait besoin, peut importe la situation et d'où la personne provenait, Kassidia ne jugeait pas et ne posait pas de question. Elle avait toujours offert ses services gratuitement comme elle l'avait fait dans son monde d'origine, mais ne refusait pas les dons qu'on lui offrait que ce soit en crédits, en échange de service ou en tout autre monnaie échangeable dans Amaryllis.

Sa fuite avait été parfaite et elle espérait ne jamais la revoir, même si une petite douleur persistait au niveau de sa poitrine chaque fois qu'elle pensait à cette dernière.