Nodagog aurait aimé voyager, partir loin, découvrir de nombreux paysages, diverses races, tellement qu’il n’aurait pu retenir tous les noms de ces dernières, fouler la terre de divers pays, savourer tous les plaisirs du monde, autant culinaire que ceux de la chair. Cependant, ce plaisir lui est interdit et impossible, pourquoi donc ? Tout simplement, car Nodagog est né sur la Terre d’Amaryllis, il lui est donc tout bonnement impossible de visiter la terre de ses géniteurs ou de partir bien loin.

Le sang-mêlé est né de l’union de deux être s’étant rencontrés sur Amaryllis. Sans doute une belle histoire d’amour s’étant écrit dans ce monde ? Rien de cela, la mère de Nodagog n’était qu’une maîtresse, amante, concubine ou d’autres termes plus ou moins élogieux de son père. Le paternel de l’imposant gérant était un homme particulier, presque un cliché de ce que l’on peut se faire des Démons. Il ne vivait que pour ses pulsions et son égoïsme, sans assumer les conséquences de ses actes ou du moins par entièrement. Son but était simplement de vivre de luxure, d’effort physique, de gourmandise et de barbarie, toujours dans les limites du système bien évidemment. Cet homme s’était donc constitué un Harem de diverses races venant des nombreux portails et donc monde connecté à Amaryllis. Et si de cela devait en ressortir des gosses ou d’autres problèmes, il assumerait la charge financière, mais ne donnerait rien d’autre. Sauf si sa progéniture pouvait lui apporter quelque chose, toujours du donnant-donnant avec lui, suivant purement et simplement un instinct égoïste.

Il était le premier enfant de ce père libidineux et égoïste, des frères et sœurs ne tardèrent aucunement à arriver et à débarquer dans la résidence qui servait à la plupart des maîtresses. Ainsi, Nodagog put vivre entouré de sa mère et ses nombreux frères et sœurs, voyant de temps en temps son père passer dans la demeure ou plutôt se montrer aux enfants. Ce dernier venant souvent, mais simplement pour amener une nouvelle concubine ou s’amuser avec celle déjà présentes. Les enfants étant dans une aile un peu à part dans la résidence. Il arrivait tout de même que le géniteur vienne saluer ces enfants, mais pour des raisons bien précises, simplement donner de l’argent suite à la demande des mères, mais aussi raconter des histoires sur sa personne et avoir l’admiration de ses jeunes progénitures. Mais la raison de sa présence était surtout de trouver quelques perles rares parmi eux.

Étant le premier, Nodagog ne remarqua pas directement le côté bizarre de sa famille ou plutôt de sa situation familiale. Son enfance fut donc des plus classiques, pensant qu’un père devait agir ainsi et qu’il était normal d’avoir ce genre de relation. Il faut aussi dire que les histoires que racontait son père les quelques fois où il se faisait présent avait vraiment créé de l’admiration dans l’esprit du jeune sang-mêlé pour son père. Aucune raison de se plaindre de son enfance si l’on regarde simplement de son point de vue de bambin à l’époque.

La prise de conscience vint bien plus tard, lorsqu’il entra dans l’adolescence et voulu lentement commencer à se détacher de l’image de ses parents, mais surtout à opérer sa propre construction. Se posant des questions, il fit le nécessaire pour combler et nourrir sa curiosité. Il apprit lentement à connaître le monde et surtout à percevoir le véritable fonctionnement de son paternel. Surtout quand ce dernier commença pleinement à s’intéresser à sa personne. Il faut dire qu’avec son impressionnante carrure seulement au début de sa croissance d’adolescent, son père avait tout intérêt à essayer de le recruter autant pour sa salle que pour servir à d’autres besognes. L’égoïsme de son paternel et surtout le fait que ses propres enfants n’étaient que des instruments comme un autre lui sauta rapidement aux yeux.

Devant cette vérité, il n’eut qu’une seule réaction, celle que tout adolescent en pleine construction aurait eu. Celle de la rébellion, de la confrontation, de la colère, de l’injustice. Il laissa parler ce flot d’émotion devant son paternel, se pensant capable de lui tenir tête, de lui cracher ses quatre vérités, en assumer les conséquences et surtout pouvoir peut-être éveillé par un beau discours une fibre parental en son paternel. Le résultat fut bien différent, du mépris, de la colère et une correction de la part de son père. Il faut dire que dans le monde de son géniteur, les démons ne sont pas connus pour leur tendresse, mais surtout pour régler tout conflit par la force brute, sans aucune forme d’intelligence. Et ce fut le cas pour Nodagog, battu presque à mort, alors qu’il avait seulement douze ans. Il mit énormément de temps à se remettre, incapable de bouger, seul son esprit pouvant cogiter, gamberger et réfléchir à ce qui venait de lui arriver et ce qu’il pouvait faire.

Une humiliation plutôt conséquente pour ce dernier. Il aurait pu se terrer dans la faiblesse et rester ainsi toujours bien soumis à son père, mais il en était hors de question, il avait sa fierté en tant qu’individus, mais aussi ses rêves et ses envies à faire valoir. Il ne voulait pas s’écraser devant quelqu’un d’aussi égoïste et ne connaissant rien à la liberté, l’amour ou encore la famille. Il serait patient, mais il arriverait à atteindre son but, à écraser son père quand son corps aurait enfin atteint la même maturité que ce dernier.

Il prit donc son mal en patience, laissant plusieurs années s’écouler, une dizaine. Son sang d’orc s’étant pleinement éveillé et développé sa carrure physique et lui offrant une imposante force de frappe. Cependant, il se devait encore de la développer et surtout de regagner lentement la confiance de son paternelle pour réussir à rester proche de lui et ne pas se faire jeter loin de sa famille. Il dut mettre son ego de côté, mais il comptait bien le faire ressortir le moment venu. Et ce comportement vint à porter ses fruits pour lui, son père le laissant revenir proche de lui, ayant comme l’impression que sa correction lui avait remis les idées en place comme il le fallait. Il vint même à le faire rentrer dans la salle de sport qu’il tenait pour l’entraîner et le faire devenir un des coachs de l’endroit. Un employé gratuit que l’on paye mal, sous principe qu’il s’agît de son enfant.

Nodagog se fichait bien de cela pour le coup, cela n’était que bénéfice pour lui. Il allait encore développer son corps et en plus rester proche de sa cible. Les années vinrent encore à s’écouler pour sa personne, longue, de plus en plus longue d’un point de vue personnel. Cependant, il se retient et ronge son frein, se plaisant dans le développement de son corps, des pions qui viennent alors à s’avancer comme il le désirait. Et un nouvel élément venant ajouter un peu de poids dans la balance s’était présenté à lui. L’éveil de son sang démoniaque. Il avait réussi à le cacher à son paternel, et même toute sa famille, simplement pour éviter que cette information vienne à fuiter. Il voulait surprendre les gens avec cela et avoir le temps de le maîtriser. C’est donc trois ans plus tard, à l’âge de 35 ans qu’il était enfin prêt à s’occuper de son paternel et surtout qu’il avait réussi à tout prévoir derrière sa personne. L’argent en poche, en ayant découvert de vieilles traditions démoniaques et bien d’autres choses, il était sûr de pouvoir humilier son père et prendre tout ce qu’il possédait pour le coup.

C’est donc un beau matin qu’il le défia selon une tradition démoniaque du monde de son paternel. Un affrontement de pure force dans un ring. Le gagnant emportait tous les biens du perdant et condamnait ce dernier à l’exil. Un pari risqué, mais Nodagog n’était plus le même homme, ni le même sang mêlé. Le déroulé de ce combat donna parfaitement raison à Nodagog et sur son entraînement et son développement. Il n’était plus un adolescent chétif, il était un adulte ayant consacré sa courte existence à devenir meilleur et le plus fort. Sous sa forme de naturelle, il faisait jeu égal avec son père au sommet de sa puissance. Il décida alors de mettre enfin à terme à cet affrontement en laissant parler son sang démoniaque. Le résultat fut ainsi rapidement expédié, donnant très clairement l’enfant meilleur que le père, dépassant son géniteur et sa légende. Il venait de briser l’ego de son père et de faire brûler de nouveau le sien.

Il avait remboursé l’humiliation qu’il avait subie il y a bien des années et venaient enfin de faire valoir ses idées, montrer à son père par ce simple échange de force brut que sa vision des choses étaient supérieures à la sienne et allait prévaloir à présent. Après cette victoire de sa part, les choses vinrent lentement à changer et de se transformer. Malgré la haine et l’amertume de son père, il vint à tenir parole et de transmettre la possession de tous ses biens à son enfant, en faisant le propriétaire de tout. Il allait être temps pour Nodagog de mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar et venir redresser la barre. Il compte bien en profiter aussi pour pleinement vivre sa vie à fond, il en profitait bien, mais se retenait tout de même. Il est alors possible de voir cette évolution comme le nouveau départ de la vie de Nodagog.