Je suis née a Absalom, capitale de la terre intérieure. Mon père est un noble qui a fait sa fortune en étant marchand; faisant des échanges avec le Mwangi - le plus grand marché nomade de Golarion - et se faisant une réputation dans les terres libres. Il voulait le même destin pour sa fille; une vie a l'abri des dangers de ce monde; protéger par les murailles et surtout, par le dernier mur.

Le dernier mur... Le bastion impénétrable séparant la cité dorée des hordes de morts-vivant qui veulent en prendre le contrôle. Toute petite déjà; je voyais les chevaliers du dernier murs; les hommes et les femmes de toutes races; courageux; puissants; protecteurs passer par la cité pour rejoindre leur bastion; lieu dans lequel ils allaient vivre et sans doute un jour mourir avec honneur.

Dans le dos de mon père; j'ai appris a manier la lame; dansant avec une lance comme il aurait voulu me voir danser dans des bals. Belle et dangereuse; je n'avais d'égale que mes précepteurs qui reconnaissaient tous mon talent. À seize ans; je me suis engagée pour rejoindre l'ordre des chevaliers du dernier mur. Contre la volonté de mon père mais certaine que tel était ma voie.

Dès le premier jour; j'ai compris la dureté de cette vie; j'ai flirté avec la peur et la mort comme jamais avant. Des hordes de morts ne ressentant ni douleur ni fatigue s'abattaient contre nos lames et nos boucliers; les leaders nécromanciens relevant les corps directement au milieu de la bataille... Des heures et des heures durant; nous devions nous battre pour repousser des ennemis invisible. Le repos était bref; les repas rapides mais la gloire éternelle. Nous souffrons pour que le monde libre puisse vivre!

J'ai fais mes preuves au combat; j'ai survécu; j'ai vu des hommes et des femmes; plus braves et plus doués que quiconque, mourir a mes côtés mais jamais je n'ai cédé le moindre terrain et puis; un jour; la mission nous fut donnée : un éclaireur était revenu vivant; d'après ses dires une liche dirigeait les hordes ennemis; si on pouvait l'éliminer alors on pourrait ralentir leurs percées. Sans cet être intelligent aux commandes, ils n'étaient que des corps sans raisonnement.

Un petit contingent fut envoyé. Bien-sûr j'étais volontaire; nous avons avancé en terrain ennemi; discrets et mortels afin de couvrir notre progression. Pas de faits d'armes; de duels grandiose; le but était de passer discrètement et de tuer notre cible... Hélas; une liche sait toujours ce qu'il se passe sur son territoire. Arriver dans le domaine de ce cadavre odorant; nous sommes tombés dans un piège. J'ai permis à mes compagnons de fuir alors que je restait en arrière, entourée de morts voulant ma vie... C'est ainsi que je suis morte; en me défendant bec et ongles jusqu'à ce que la mort m'embrasse et ensuite... Les ténèbres.

Lorsque la lumière est revenue, j'avais un goût métallique dans la bouche; j'ai regardé autours de moi : le cadavre de mes amis que j'avais protegé? Nous étions toujours dans les terres mortes? Pourquoi étaient-ils morts? Dans mes mains; le bras ensanglanté de mon amie a moitié rongé... J'ai eu un haut le coeur; crachant un mélange de chair et de matière cérébrale comprenant ce que j'avais fait. J'ai eu du mal a me lever; comme si mon corps m'était étranger. C'est en voyant mon corps que j'ai compris : il m'était effectivement en partie étranger...

J'ai couru; ne ressentant aucune fatigue; j'ai rejoins le campement de la liche, me suis ruée dessus pour planter ma lame dans son corps osseux... Un rire pour seule réponse. J'ai compris alors que notre mission n'avait jamais été irréalisable. Protégé par le dieu des secrets, Norgobert, cette liche était immortelle. J'ai alors tourné ma lame contre moi-même; m'empalant sur le coup; préférant la mort a cette nouvelle vie... De nouveau le rire de la liche...

"Tu es miennes maintenant! Tu vivras temps que je vivrai."

Ok, c'était ridicule : moi avec une lance plantée dans le corps, encore vivante, et la liche qui me fait comprendre que je suis incapable d'échapper à cette nouvelle existence... Alors soit! Je ne peux pas mourir mais je suis encore consciente!

"Je ne vous obéirai jamais! Je ne tuerai pas d'autres humains!"

Encore ce rire alors que je grogne, m'écartant! Il ne peut pas me forcer... J'étais idiote. Non seulement il aurait pu me forcer mais il n'en avait tout simplement pas besoin... La faim! Chaque fois la même chose : je n'attaques pas, je ne me nourris donc pas et au final, les ténèbres! Le manque de nourriture me fait perdre le contrôle, me transforme en bête affamée, je fonce alors sur le mur comme tous les autres, je me jette à corps perdue contre les remparts et je me nourris des corps de mes anciens compagnons, de leur chair, de leurs organes... Un sort auquel je ne peux échapper. J'ai tenté de tuer la liche par tous les moyens, tenté de m'ôter la vie également plus d'une centaine de fois sans jamais y parvenir. Les chevaliers du dernier mur ne me connaissent plus, cela fait des années, des décennies que ce petit jeu dure et je suis incapable d'y mettre un terme. J'avais abandonné tout espoir lorsqu'il est apparu : au milieu du champ de bataille, entourée des derniers cadavres dont je me nourrissais, un cercle parfait constitué de chair et d'ossement et au milieu, une déformation, comme l'air qui semble se mouvoir lorsqu'un feu brûle. Je me suis approchée et j'ai disparue.

Une nouvelle ville, incroyable! Des bâtiments plus grands que tout ce que j'ai pu voir, une voix dans ma tête qui m'explique des règles qui font sens sans le savoir et surtout, surtout... Je n'avais plus faim! Les premiers jours, je me suis cachée, dissimulée, j'ai tenté de masquer mon apparence. Petit à petit, j'ai rencontré des démons, des néphylim, même des hommes lézards sans que personne ne tente de mettre fin à ma vie. Ici, personne ne me voyait comme l'ennemi, personne ne tentait de me tuer! J'ai commencé à croire en une nouvelle vie, à rire, à danser! J'étais enfin libre! Et puis... Les ténèbres!

À ma prise de conscience, une information capitale : plus de droit, plus de crédits. Autours de moi, des corps déchiquetés sans vie, dans mes mains une tête décapitée appartenant à une inconnue, ma première vision, les restes de cervelle que je mangeais directement à même le crâne explosé... Plus de faim mais toujours cette malédiction! Je ne serai jamais libre!

Je suis Leliana Valsin, une morte-vivante loin de son monde et incapable d'y retourner... Heureuse de faire votre connaissance! Jusqu'à mon prochain repas...